Le Mois de l’histoire des Noir·e·s est l’occasion d’honorer et de célébrer l’histoire, la diversité et les contributions des communautés noires. Chez Boann, nul besoin de chercher plus loin qu’au sein de notre propre équipe pour trouver des leaders noirs que nous admirons. Nous voulons partager avec vous quelques réflexions de ceux qui nous influencent, dans leurs propres mots.

Voir tous les articles du Mois de l’histoire des Noir·e·s 


Peter Scott est Maître de conférences, Université de l’École d’art et de design de l’Ontario et Conseiller avec Boann.

En l’honneur du Mois de l’histoire des Noir·e·s, Peter a partagé avec nous ses réflexions sur la promotion de l’équité pour les communautés Noires au Canada grâce à l’investissement d’impact et au-delà.

Les opinions présentées ici sont les siennes.

Je considère donc qu’il s’agit d’une approche très locale, mais également systémique.

En tant qu’homme noir, comment votre expérience a-t-elle influencé votre approche de l’investissement à vocation sociale?

Mon expérience m’a amené à aborder l’investissement à incidence sociale sous l’angle de l’innovation. Quelle pourrait être ma contribution innovante en tant que chercheur, éducateur, concepteur et entrepreneur social — sachant ce que je sais en tant que Noir — pour imaginer de nouveaux types de produits et de services financiers?

Je veux créer des outils de même qu’explorer des concepts et des cadres qui peuvent contribuer à sensibiliser à l’investissement à incidence sociale. Je veux également travailler avec les communautés noires pour explorer d’autres façons de créer de la valeur et de la définir. De la sorte, je veux contribuer à ce que les communautés noires soient mieux servies par l’ensemble de nos systèmes et de nos structures économiques, et qu’elles puissent prendre part à ceux-ci de manière significative. Pour moi, il s’agit à la fois d’une approche très locale, et également systémique.

De quelle façon aimeriez-vous que le travail de Boann soutienne le leadership et la réussite des Noir·e·s?

Tout d’abord, sur le plan des systèmes : je voudrais que Boann se tourne vers l’extérieur pour considérer les infrastructures et les systèmes sociaux, qu’il se projette dans l’avenir à long terme et qu’il soit audacieux. Quelles sont les tendances émergentes en matière d’infrastructures dans le domaine de la finance sociale, qui pourraient permettre la création de nouveaux produits et services financiers et que nous pouvons utiliser comme phare pour guider les futurs changements systémiques? Il peut être nécessaire de construire des infrastructures qui ont une certaine durée de vie, ou de mettre sur pied une banque gérée par des PANDC (la banque des pauvres) qui fait contrepoids aux grands systèmes économiques existants.

Quelles sont les tendances émergentes en matière d’infrastructures dans le domaine de la finance sociale, qui pourraient permettre la création de nouveaux produits et services financiers et que nous pouvons utiliser comme phare pour guider les futurs changements systémiques ?

Deuxièmement, sur le plan du leadership. Je pense que le conseil consultatif de Boann joint le geste à la parole. Cela commence par la représentation des personnes noires, mais ça ne s’arrête pas là. Cela exige également d’avoir des discussions et d’aménager des occasions de leadership éclairé, comme nous le faisons actuellement — afin que les gens écoutent et apprennent des idées des personnes qui ont une expérience vécue dans les communautés sous-représentées.

Enfin, évidemment, il y a la manière dont les fonds sont distribués. Lorsque nous réfléchissons aux types de produits et de services financiers dont les PANDC ont besoin aujourd’hui et demain, nous devons reconnaître que ces produits et ces services n’ont pas encore été conçus et développés, parce que les établissements financiers manquent de connaissances pour définir les besoins des PANDC et y répondre. Il y a beaucoup de travail à faire pour développer cette compréhension, éliminer les obstacles et permettre à ces nouveaux produits et services de voir le jour. Les fonds dont dispose Boann contribuent à cette démarche de facilitation.

« l’éducation nous a mis dans ce pétrin, et c’est l’éducation qui nous en sortira »

Selon vous, qu’est-ce que tout le monde devrait connaître afin de mieux comprendre l’expérience vécue par les Noir·e·s au Canada? (Il peut s’agir d’une personne, d’un lieu, d’un événement, d’un livre, etc.)

Il y a un homme qui s’appelait William Wells Brown. C’était un Noir qui vivait aux États-Unis — mais vous pouvez établir un parallèle avec le Canada — au 19 e siècle, soit à peu près à la même époque que Frederick Douglass, qui était l’un des plus célèbres abolitionnistes, érudits et écrivains noirs. Wells Brown était un auteur de fiction. Après son émancipation, il a acheté sa liberté et a donné naissance à l’idée de services bancaires « de rechange » dans son œuvre de fiction. Il a utilisé cette idée pour proposer aux gens une manière de regarder le monde pour critiquer les banques, pour comprendre que les Noires ont participé à l’économie mondiale malgré l’esclavage, et savoir à quel point les banques peuvent être punitives et discriminatoires à l’égard des Noires. Il s’agit d’une leçon d’histoire montrant comment les Noires d’Amérique ont trouvé des moyens novateurs de bouleverser les systèmes économiques qui leur étaient défavorables. Des personnes comme William Wells Brown et Frederick Douglass s’adressent aujourd’hui à notre génération.

L’éducation est extrêmement importante, mais il s’agit d’une arme à double tranchant. Murray Sinclair a déclaré que « l’éducation nous a mis dans ce pétrin, et c’est l’éducation qui nous en sortira ». L’éducation permet la guérison. La connaissance permet la guérison. De telles initiatives, où Boann met en lumière des leaders noirs, nous donnent l’occasion de faire cela.